Dans le cadre du deuxième événement du cycle « Construire la ville Zéro Carbone », Leonard:Paris, le laboratoire ouvert du futur des villes et des infrastructures créé par VINCI, recevait mercredi 16 janvier quatre experts du secteur : Nathalie Mehu et François Cussigh, respectivement chef de service solutions durables et expert béton chez VINCI Construction France, Anne-Sophie Perrissin-Fabert, directrice de l’Alliance HQE-GBC, et Mathieu Desaubliaux, ingénieur avant-projet chez Arbonis, filiale de VINCI Construction spécialisée dans la construction bois. Après avoir posé les enjeux de la construction bas carbone lors du premier événement du cycle en décembre dernier, ce second volet s’est penché sur la question des matériaux employés dans la construction de bâtiments neufs, et leur impact carbone.

Les évolutions réglementaires à venir appellent à une mutation des pratiques et des manières d’appréhender un projet de construction. Le 1er juillet 2020, la Réglementation environnementale (dite RE 2020), qui remplacera l’actuelle RT 2012, imposera d’étudier l’impact global de la construction sur son environnement, en englobant l’empreinte carbone de la fabrication des matériaux dans celle de la construction, ainsi que celle de tous les équipements du bâtiment. Cette Analyse de cycle de vie (ACV) calculera le bilan carbone d’une construction, du choix des matières premières utilisées jusqu’à sa démolition, en passant par l’exploitation du bâtiment. Les habitudes des constructeurs s’en trouvent bousculées : ils devront décider très tôt dans le projet de ce qui auparavant se décidait plus tard (quels revêtements de sol utiliser, quelle couvertine installer, etc.).

Anne-Sophie Perrissin-Fabert rappelle toutefois que le choix des matériaux ne constitue pas le seul poste de réduction de l’empreinte carbone. Il est également important de se pencher sur la question de l’optimisation de l’espace. Mutualiser et optimiser les mètres carrés permet ainsi de réduire le bilan carbone d’un bâtiment. Quid des parkings de bureaux utilisés uniquement en journée et délaissés la nuit ? Ne gagnerait-on pas à les mutualiser avec l’immeuble voisin, dont les habitants en auraient potentiellement l’usage ?

Interrogé pour sa part sur l’impact du béton dans le bilan carbone d’une construction, François Cussigh a affirmé la compatibilité de ce matériau avec la future réglementation. Multiple et évolutif, le béton est souvent fabriqué localement, ne produisant ainsi que très peu de gaz à effet de serre liés au transport. C’est en fait le ciment, le liant du matériau, qui constitue l’élément le plus émissif dans le béton. Les expérimentations se multiplient alors pour concevoir de nouveaux bétons, moins émissifs tout en conservant leur résistance, qu’il s’agisse de béton sans ciment ou de béton recyclé à la construction. Et toutes les pistes sont bonnes à prendre, en testant de nouvelles compositions moins émissives (géopolymères, argiles, bétons de laitier issus des déchets de l’industrie sidérurgique, etc.) comme en s’inspirant des bétons anciens, mélange de chaux et de cendres volcaniques conçu par les Romains.

Mais le bois ne reste-t-il pas la meilleure alternative en vue de réduire considérablement l’impact carbone d’une construction, surtout lorsque l’on sait qu’1m3 de bois représente une tonne de CO2 absorbée par l’arbre et stockée jusqu’à sa combustion ? Pour Mathieu Desaubliaux, c’est surtout le transport qui est impactant lorsque l’on construit en bois, d’où la nécessité d’utiliser des bois locaux pour réduire l’empreinte carbone. Pendant longtemps, les constructeurs se sont fournis dans le Nord de l’Europe, les bois résineux étant habituellement utilisés par le secteur. Arbonis réalise actuellement des tests avec des feuillus, qui composent la majeure partie des forêts françaises. S’ils venaient à être concluants, le bilan carbone des constructions bois s’en trouverait grandement amélioré.

https://leonard.vinci.com/