Pour la troisième édition de « Sur un plateau », Leonard, la plate-forme de prospective et d’innovation de VINCI, recevait Sylvain Grisot, urbaniste, fondateur de Dixit et auteur du Manifeste pour un urbanisme circulaire. Un manifeste qui s’ouvre sur un constat sévère : chaque année, 30 000 hectares de sol sont artificialisés, conséquence directe de l’étalement urbain. Si la tendance devait se poursuivre, ce serait l’équivalent d’un département français qui se trouverait artificialisé tous les vingt ans…

En préambule, Sylvain Grisot a rappelé que le phénomène de construction neuve en périphérie était relativement récent (modèle américain des suburbs datant de l’après-guerre et importé chez nous dans les années 1970), mais avait très vite décollé pour atteindre les chiffres que l’on connaît aujourd’hui. « Tout le monde a intérêt à consommer toujours plus de sol », affirme l’urbaniste. La standardisation des logements permet d’industrialiser le processus et de faire simple en construisant du neuf en périphérie des villes. Parallèlement, la vente de terres agricoles permet aux agriculteurs d’avoir un revenu complémentaire pour leur retraite, quand l’entrepreneur libérant des locaux en centre-ville gagne plus d’espace en périphérie.

Des alternatives déjà disponibles

Malgré tout, cet étalement urbain n’est plus du tout en phase avec les préoccupations de l’époque qui concernent l’environnement, les circuits courts, etc. En introduisant la notion d’urbanisme circulaire, Sylvain Grisot met en lumière le fait que la matière première des villes et des territoires est une ressource finie. Et s’il est parfois nécessaire de s’étaler, « on trouve souvent les réponses dans la ville », selon lui. Intensifier les usages en occupant des logements vacants par exemple ou en utilisant des espaces publics pour autre chose, transformer l’existant pour éviter de déconstruire, densifier des espaces déjà aménagés en construisant par exemple des maisons à côté d’autres maisons sur des lotissements avec de l’espace vacant… Autant de possibilités qui permettraient déjà de limiter l’étalement urbain, des solutions que l’on sait mettre en place, mais qu’il faut désormais massifier.

Autre point important aux yeux de Sylvain Grisot : penser les projets urbains indépendamment de toute idée de croissance numérique du nombre d’habitants (15 000 communes perdent des habitants tous les ans) et se poser la question des compétences des différents acteurs engagés dans le processus. « Le renouvellement urbain n’est pas faire de l’étalement urbain, détaille Sylvain Grisot. Les collectivités locales peuvent agir sur leurs territoires via leurs connaissances en s’engageant dans des démarches de recyclage foncier ou de densification des lotissements existants. » Les bâtiments pensés à une époque l’étaient pour un seul usage. Il faut aujourd’hui miser sur plus d’intelligence et d’ingénierie pour repenser l’usage des bâtiments et moins construire demain. En conclusion, Sylvain Grisot estime qu’il faut « un cap ambitieux, une visibilité long terme et de la progressivité, tracer un horizon, puis la trajectoire pour l’atteindre ».

L’intégralité de l’intervention de Sylvain Grisot en vidéo est à retrouver ici.