Deuxième semaine d’événements pour le festival Building Beyond chez Leonard:Paris et un programme toujours aussi riche. Lundi soir, La Fabrique de la Cité organisait une table ronde sur le futur des aéroports en France. Pour participer à la discussion, animée par Cécile Maisonneuve et Raphaël Languillon, respectivement présidente et chargé d’études senior à La Fabrique de la Cité : Stéphane Crétel, chef de projet Innovation stratégique chez Air France-KLM, et Laurent Terral, chargé de recherche au Laboratoire Ville Mobilité Transport (LVMT).

Alors que Cécile Maisonneuve s’est demandé en ouverture si l’aéroport, qui se fond dans la ville, n’en devenait pas une lui-même, Stéphane Crétel a tenu à rappeler la fonction première de ce lieu de passage : l’aéroport fait le lien entre l’expérience de mobilité urbaine et le voyage en avion, fait du citoyen mobile au sol un passager dans les airs. « Il y a beaucoup d’obstacles quand on voyage, a-t-il expliqué. Le principal enjeu de l’innovation est de supprimer ces obstacles. » Selon lui, l’enjeu aujourd’hui pour l’aéroport est de mettre en place des infrastructures permettant de minimiser l’impact des différents process sur le passager (comme la sécurité par exemple) tout en lui donnant le choix de profiter au maximum de tous les éléments de l’expérience. Le salon La Première à Roissy-Charles de Gaulle, réservé aux clients La Première, est ainsi devenu un atout pour la compagnie, qui lui permet d’attirer ses clients à l’aéroport bien avant leur vol.

Laurent Terral a pour sa part présenté une étude sur les aéroports hexagonaux. Conclusion ? Il y a en France une forte densité aéroportuaire et une grande diversité dans ce paysage. Pour y voir plus clair, l’étude classe les aéroports en plusieurs catégories dont les aéroports parisiens, les grands aéroports de province (Toulouse, Bordeaux, Marseille, etc.), ainsi que les aéroports dits de « désenclavement » accolés aux petites villes. Autre remarque, en vingt ans, le transport commercial a doublé, mais les flux se sont inversés : alors que les vols domestiques occupaient la première place il y a vingt ans, ils sont désormais relégués à la troisième place derrière les vols long courrier et les vols Europe. L’un des prochains défis auxquels devra faire face l’aéroport est la concurrence des autres modes de transport comme les Lignes à grande vitesse, qui rendent moins pertinents les aéroports implantés à proximité.

Mais avec la question de la transition écologique à l’horizon 2050, l’aéroport a-t-il encore sa place sur le territoire ? Oui, répondent sans hésiter Laurent Terral et Stéphane Crétel. Pour le premier, la proposition de supprimer des vols domestiques n’est par exemple pas forcément une bonne idée, la plupart des passagers les prenant pour embarquer ensuite sur un autre vol pour une destination hors des frontières françaises. Quant à Stéphane Crétel, il appelle à ne pas faire de l’avion un bouc émissaire, mais au contraire à repenser sa fonction par son apport positif : s’il paraît tout indiqué d’utiliser le bateau pour transporter à l’autre bout du monde des marchandises ne répondant pas à un besoin urgent, l’avion garde évidemment une utilité pour le transport de personnes devant rallier rapidement un point très éloigné. Tout est finalement, selon lui question de (bon) sens.

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