Mercredi 15 janvier, Leonard, le laboratoire de l’innovation et de la prospective créé par le groupe VINCI, organisait le troisième événement de son cycle consacré à l’environnement. Pour débattre autour de la question des nouvelles technologies et du développement durable, Leonard avait invité Christophe Tallec, partner et managing director chez Hello Tomorrow, Stéphanie Chrétien, partner chez Paris Fonds Verts (Demeter), Philippe Bihouix, directeur général adjoint d’AREP et auteur de L’Age des low tech, et Thomas-Olivier Léautier, directeur de l’Université Groupe du management chez EDF.

Deux conceptions fortes se sont affrontées lors de cette table ronde. D’un côté, une vision intégrant les nouvelles technologies comme des solutions pour aller vers une réduction des gaz à effet de serre (Christophe Tallec, Stéphanie Chrétien), de l’autre une vision plus pessimiste et critique de la croissance du numérique à grande échelle (Philippe Bihouix). Christophe Tallec a ainsi expliqué que Hello Tomorrow s’attachait notamment à détecter les solutions technologiques sorties des laboratoires capables de répondre à « des imaginaires collectifs désirables ». Quant à Stéphanie Chrétien, elle a cité les grandes thématiques auxquelles s’intéressait la société de gestion Demeter qui investit dans des start-up, PME et projets d’infrastructures dédiés aux villes durables : optimisation de la consommation d’énergie, mobilité durable, énergies renouvelables, économie circulaire et qualité de l’air. Créé par la ville de Paris qui a investi 15 millions d’euros, Paris Fonds Verts représente aujourd’hui 170 millions d’euros. L’année dernière, le fonds a reçu 1820 dossiers de candidature, témoin d’un réel engouement pour les questions de villes durables. Seule condition pour intégrer Paris Fonds Verts : que ces technologies donnent des solutions rentables.

Philippe Bihouix, Stéphanie Chrétien et Thomas-Olivier Léautier ©Leonard

 

Auteur de L’Age des low tech, Philippe Bihouix s’est montré beaucoup plus sceptique sur la question et a remis en question la notion de « croissance verte », arguant que l’on s’éloignait aujourd’hui de l’économie circulaire : en effet, plus on est technologique, moins on peut recycler. Les métaux utilisés dans de nombreux objets high-tech, au contraire des matières utilisées par exemple sur les chantiers et que l’on a appris à réemployer, ont un taux de recyclage de moins de 1 % car ils sont éparpillés en de toutes petites quantités. « Avec le numérique, on a l’impression de régler un problème d’un côté, mais on en crée un autre ailleurs », avance-t-il. A l’heure actuelle, les data centers représentent 10 % de la consommation d’énergie mondiale et ce phénomène ne cesse de s’accélérer. Idem pour un réseau 5G qui consomme 3 à 4 fois plus d’énergie que la 3G et la 4G sans remplacer ces réseaux pour autant. Au contraire, la 5G s’ajoute à la 3G et à la 4G, créant un effet d’empilement et multipliant donc la consommation d’énergie.

Thomas-Olivier Léautier, également professeur d’économie à l’Université de Toulouse, s’est pour sa part situé entre ces deux visions et a affirmé que la seule solution pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre était de fixer un prix mondial au carbone. Avant d’ajouter : « Ce qu’il manque, c’est un dialogue démocratique et un consensus politique sur la question. La démocratie résoudra le problème, pas la technologie. »

Retrouvez l’intégralité de la conférence en vidéo ici :

www.facebook.com/weareleonard.paris/videos/489423315047890