Le festival Building Beyond s’est terminé jeudi 4 juillet après deux semaines d’événements autour des échelles urbaines. Mercredi 3 juillet, dans le cadre du festival, La Fabrique de la Cité organisait une table ronde exceptionnelle de son cycle « Grands projets et démocratie » en présence de Xavier Huillard, PDG de VINCI, Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique, et Laurence Monnoyer-Smith, conseillère Environnement et climat au Centre national d’études spatiales (CNES).

En introduction, Cécile Maisonneuve, présidente de La Fabrique de la Cité, a rappelé que l’on construisait depuis 2000 « un nouveau monde urbain » qui accueillera en 2050 trois milliards de personnes de plus qu’au début du troisième millénaire. Mais alors que les prises de conscience environnementales se multiplient, ce monde fait face à un nouveau référentiel au moment où il se construit : l’écologie. Dans ce contexte, réaliser de grands projets architecturaux semble de plus en plus compliqué, avec une multiplication des protestations citoyennes. Comment dans ce cas éviter la paralysie des débats ? Y a-t-il aujourd’hui une crise de consensus ?

A cette question, Laurence Monnoyer-Smith a immédiatement répondu non, citant l’historien Pierre Rosanvallon, spécialiste de la question démocratique, qui affirme qu’il n’y a jamais eu de consensus dans l’histoire de la démocratie. Elle a surtout insisté sur le fait qu’il y avait une « cristallisation de la contestation » dans les périodes difficiles, comme c’est le cas actuellement en France, et que cette phase de transition devait s’accompagner de changements économiques et sociétaux radicaux. « Il faut réinventer des modes de consommation et de sociabilité dans un temps très court, a-t-elle ajouté en prenant l’exemple des canicules qui vont toucher la planète de manière plus fréquente et plus longue, et donc faire preuve d’une grande créativité. »

Lucile Schmid a quant à elle mis en avant le fait que les citoyens étaient aujourd’hui plus au fait des questions écologiques et de la perte de la biodiversité du fait de l’irruption dans nos vies des diagnostics scientifiques, via internet notamment. Les sujets sont concrets et parlent à tout un chacun, poussant les acteurs (entrepreneurs, écologistes et citoyens) à travailler de concert à la réalisation de grands projets. Quant aux contestations, elles s’expliquent selon elle très simplement : « Le respect des procédures ne suffit plus. La légitimité des projets s’inscrit dans le temps et le modèle de société auquel nous aspirons. » Pour Lucile Schmid, l’heure est sans doute au principe « d’adaptation territoriale » qui permettra peut-être de trouver des grands projets utiles et démocratiques.

Xavier Huillard a finalement pris la parole pour défendre sa vision de la problématique. Pour le PDG de VINCI, si les entreprises veulent durer dans le temps, elles doivent absolument s’approprier les problématiques de développement durable auxquelles elles sont confrontées au quotidien. Concrètement, sur le terrain, concertation et discussion doivent s’installer localement pour ce type de projets : « Il faut créer les conditions pour faire en sorte que le projet arrive à son terme, en ayant un minimum de consensus local pour avancer. » Xavier Huillard est catégorique : il faut faire confiance aux gens qui vivent dans les territoires concernés parce qu’ils sauront toujours mieux que les décideurs parisiens. Et surtout prendre le temps « d’organiser la concertation quand on a encore le temps de concevoir le projet pour montrer aux citoyens qu’ils ont leur mot à dire. » Après quoi, selon lui, il s’agit de ne plus hésiter dans la réalisation du projet et de le porter à son terme.

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