C’est un sujet qui fait en ce moment beaucoup parler : le bâtiment résilient était au centre des débats mercredi soir chez Leonard:Paris dans le cadre du festival Building Beyond. Durable, capable d’absorber les chocs, le bâtiment résilient pourrait également très bien devnir impermanent dans la ville de demain. Pour en parler, Leonard avait invité Kerry Rohrmeier, enseignante à l’Université de San Jose (Californie) et spécialiste de Burning Man, Antoine Aubinais, du collectif d’architectes Bellastock, et Raphaël Coutin, designer à Eindhoven.
Participante du festival Burning Man, dont il a déjà été question cette semaine à Building Beyond avec Marian Goodell, sa CEO, Kerry Rohrmeier a tenu à mettre en lumière le côté grandiose du phénomène Black Rock City : en quelques jours, une ville de près de 80 000 habitants naît sur un sol aride et stérile ! Le plus spectaculaire reste sans doute le fait que cette ville n’a que très peu d’infrastructures qui lui sont propres, si l’on excepte les toilettes portables installées pour les huit jours de festival ; pour le reste, chacun vient avec ses infrastructures, le désert étant un excellent lieu pour les expérimentations de tous types. Fascinée et convaincue par le modèle Burning Man, Kerry Rohrmeier enseigne aujourd’hui à ses étudiants qu’il est possible d’appliquer ailleurs certains des principes qui font de Black Rock City une ville unique en son genre.
Unique également le projet Plug-in-City établi dans le centre de Eindhoven aux Pays-Bas, dans le quartier créatif de Strijp-S. Sur les sites exploités à l’époque par Philips, ce projet est en fait un petit village fait de containers qui accueille une communauté d’artistes, designers et architectes. Raphaël Coutin explique que ces anciens espaces industriels, où personne ne veut aller à la base, sont devenus des lieux culturels de rencontre abritant bars et salles de concert notamment. Le tout en respectant le principe de l’économie circulaire : tous les matériaux ont déjà servi, parfois plusieurs fois, et les bâtiments peuvent être aisément démantelés. Le collectif travaille désormais sur de nouveaux projets d’aménagement.
Le collectif Bellastock a aussi fait du réemploi son cheval de bataille. Composé de douze architectes, il a créé un festival lors duquel l’objectif est de faire découvrir un matériau à des étudiants en architecture. Antoine Aubinais a ainsi rappelé qu’il avait déjà été proposé de construire avec des déchets, de la terre ou de la paille, afin de prouve que tous les matériaux avaient leur place dans la construction. Fait intéressant, à l’issue du festival, rien ne part à la benne, tous les matériaux sont ensuite réinjectés ailleurs. Désireux de partager son expertise avec le plus grand nombre et de créer du lien social, Bellastock a notamment ouvert une ressourcerie à Stains (Seine-Saint-Denis) où les habitants peuvent venir tester les prototypes et découvrir l’intérêt du réemploi.