L’une est la CEO du festival Burning Man, l’un des événements les plus spectaculaires au monde ; l’autre est directeur artistique chez Ubisoft et a notamment travaillé sur Assassin’s Creed Origins, acclamé par la critique. Pour sa première soirée, le festival Building Beyond avait vu les choses en grand en conviant ces deux invités de marque à échanger sur l’invention des villes devant un public venu en nombre dans l’auditorium de Leonard:Paris.
C’est Raphaël Lacoste qui a ouvert les débats en présentant, images à l’appui, le processus de création du jeu Assassin’s Creed Origins, sorti en 2017. Une aventure épique, ambitieuse et spectaculaire dans l’Egypte antique qui a demandé près de quatre ans de travail aux équipes d’Ubisoft. Pour parvenir à ce résultat époustouflant et faire vivre aux joueurs des émotions uniques, Raphaël Lacoste a expliqué qu’il est nécessaire de s’inspirer de lieux existants tout en en proposant une interprétation romantique, plutôt qu’ultra-réaliste, en analysant par exemple des photographies pour comprendre l’environnement et définir ce qui doit en ressortir pour rendre le jeu meilleur. C’est cette interprétation, cette démesure, le travail sur les échelles, qui permettront de créer, in fine, l’émotion. Raphaël Lacoste a notamment insisté sur l’importance du travail sur les effets de lumière et de contrastes qui donnent littéralement vie au dessin dans le jeu. « Un jeu comme Assassin’s Creed Origins est un énorme défi technique, a-t-il conclu. L’important est de trouver un équilibre entre la jouabilité et les graphismes, qu’il y ait une démocratie interne permettant d’équilibrer l’art du jeu et le design. »
Marian Goodell a ensuite pris la parole sur la scène de l’auditorium de Leonard:Paris pour évoquer le festival Burning Man, né sur une plage de San Francisco en 1986, et son impressionnante ville éphémère installée chaque année depuis 1990 dans le désert du Nevada, Black Rock City. « Ils étaient une vingtaine de personnes réunies sur cette plage de San Francisco en 1986, ils sont aujourd’hui 80 000 à Black Rock City », a-t-elle énoncé en préambule avant de présenter cette incroyable cité éphémère organisée en C, de façon à ce que tous regardent vers l’Homme de bois géant, destiné à brûler à la fin du festival, installé au centre de ce demi-cercle. Marian Goodell a insisté sur le fait qu’un événement d’une telle ampleur se devait d’avoir des règles pour offrir à chacun la meilleure expérience possible. Soucieux de ne pas être un gouvernement imposant ses lois, Burning Man s’est appuyé sur l’un de ses membres, un assureur anarchiste, qui a écrit les règles les plus nécessaires, les plus élémentaires, au bon déroulement de cet événement qui veut ne laisser aucune trace de son passage dans le désert à l’issue des festivités. Chaque année, 10 à 20 000 volontaires participent ainsi au nettoyage de la zone.