Leonard, le laboratoire de l’innovation et de la prospective créé par le groupe VINCI, organisait mardi 4 février une table ronde dans le cadre de son cycle sur la transition écologique. Au programme un débat sur les mobilités de demain en présence de Benjamin Tincq, co-fondateur et CEO de Good Tech Lab, Amandine Richaud-Crambes, directrice de la Fabrique des Mobilités, Blaise Rapior, directeur général d’Escota et directeur général adjoint de VINCI Autoroutes, et Camille Combe, chargé de mission à La Fabrique de la Cité.
Benjamin Tincq a commencé par présenter quelques solutions de nouvelles mobilités tirées de l’Emerging Trend que Leonard et Good Tech Lab ont consacré aux clean tech. Parmi elles, des solutions « évidentes » qui gagneraient à être beaucoup plus développées (bus, véhicules utilitaires, camions et scooters électriques par exemple), et d’autres moins répandues mais prometteuses quant à la réduction drastique des émissions de CO2 attendue pour 2050 (train à hydrogène adapté aux courtes et moyennes distances, avion électrique pour courtes distances et nombre de passagers réduits, batteries au sodium, carburants synthétiques ou fabrication d’hydrogène neutre grâce à la conversion de biomasse). [Retrouvez la sélection complète de Benjamin Tincq en vidéo ici : https://www.facebook.com/weareleonard.paris/videos/215834959584055/]
Blaise Rapior a pour sa part présenté le projet Autoroute Bas Carbone, signé avec la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, à l’heure où les déplacements sur autoroutes représentent 20 % des émissions de CO2 du secteur des transports, soit 6 % du total des émissions en France. Objectif ? Favoriser les nouvelles mobilités qu’il s’agisse des mobilités partagées ou des mobilités propres (électriques et hydrogènes). Il s’agit par exemple de passer sur le réseau Cofiroute de 100 bornes de recharge électrique aujourd’hui à plus de 300 à l’horizon 2024 ou de multiplier par 10 les infrastructures de recharge sur le réseau VINCI Autoroutes d’ici à 2030. Ou bien d’encourager le covoiturage et développer encore plus les lignes de car express comme celles déployées sur l’A10 à la gare autoroutière de Briis-sous-Forges et qui représentent 2400 trajets par jour. Un schéma que l’on pourrait facilement répliquer ailleurs en France, selon Blaise Rapior.
De son côté, Camille Combe a évoqué quelques exemples que La Fabrique de la Cité a pu observer à travers le monde en matière de nouvelles mobilités et de réduction d’émissions de CO2. Il a ainsi cité la Norvège et son engagement en faveur des mobilités électriques depuis les années 1990. Le pays vise la disparition des véhicules thermiques neufs à la vente en 2025 ! Une ambition portée notamment par une politique fiscale incitative puisque les véhicules électriques sont exemptés de la taxe CO2 à l’importation et de la TVA à 25 %. Autre pays, autre expérimentation avec l’exemple de l’Oregon (Etats-Unis) où les usagers payent en fonction du nombre de kilomètres parcourus. Une alternative aux taxes sur les carburants qui permet à l’Oregon de reverser l’argent récolté dans le financement de ses infrastructures routières. Même tendance à New York où c’est cette fois un péage urbain qui permettra dès 2021 de récolter de l’argent pour l’amélioration et la rénovation des infrastructures de transport public.
Enfin, Amandine Richaud-Crambes a tenu à apporter une vision un peu différente en mettant l’accent sur la nécessité aujourd’hui d’accélérer la « démobilité ». Elle a ainsi rappelé que les choix d’aménagement qui avaient été faits jusqu’à présent donnait la priorité à l’usage de la voiture et du transport routier. « Les villes sont construites autour du tout-voiture », a-t-elle affirmé en ajoutant que le choix des énergies n’étaient pas le réel problème. Il faut selon elle apprendre à « réduire la mobilité » en se demandant notamment de quels services les gens ont besoin pour moins se déplacer et donc en réaménageant le territoire en conséquence.