Le plus vaste site du concours « Réinventer Paris I » prend vie avec l’ouverture récente d’un grand centre sportif UCPA et l’accueil des premiers habitants de ce site appelé « l’îlot fertile » (logements, auberge de jeunesse, résidences étudiantes, bureaux, hôtel, tiers lieu culturel, zone logistique du dernier kilomètre…). Conçu par l’agence d’architecture et d’urbanisme TVK (Pierre Alain Trévelo et Antoine Viger-Kohler) et le paysagiste OLM pour Linkcity, filiale de développement immobilier de Bouygues Bâtiment, ce nouveau quartier a été pensé comme un grand jardin ouvert (7000m2), un espace de respiration au cœur de la ville dense.

« Ce qui a été le plus traumatisant, le plus bruyant, le plus polluant hier, est ce qui peut être le plus vertueux demain »  Antoine Viger Kohler, architecte urbaniste – TVK

L’îlot fertile est aussi le plus vaste chantier en pierres massives porteuses depuis Haussmann ! Le choix inédit à cette échelle de la pierre a été une occasion exceptionnelle de redynamiser une filière de matériaux et des savoir-faire. Le procédé est certes très ancien, mais sa mise en œuvre à grande échelle fut un véritable défi. Les quatre bâtiments, dont la forme de chacun est unique, utilisent 10000 m² de pierre, soit plus de 2500 m³ : une quantité, inédite de nos jours, qui donne une présence forte à l’îlot et qui l’inscrit pleinement dans l’histoire parisienne. Par la pierre, le projet s’installe avec évidence dans le paysage parisien et revalorise l’image du nord de la capitale.

Quatre bâtiments sont implantés en périphérie de parcelle, de part et d’autre d’une voie nouvelle, une rue commune qui relie la rue d’Aubervilliers au Parvis Rosa Parks, devenue propriété de la ville de Paris. Cette rue réservée aux mobilités douces est traitée comme un espace paysager avec 1000m² de dalles enherbées et 1000 m² de jardins plantés en pleine terre. Les terrasses aménagées d’environ 1500 m² s’agrémentent d’arbres fruitiers et de potagers.
Le choix de la disposition de ces quatre bâtiments forme une figure forte qui révèle la grande dimension et l’unicité du jardin au cœur du projet et permet des jeux de percée de lumière, d’ensoleillement et de vues qui profitent aux logements.

Le site trouve son origine dans le développement industriel de Paris, initié au milieu du XIXème siècle. Le lieu est encore rural lorsque Napoléon encourage le percement des canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis et la construction des réseaux ferrés. C’est grâce à ces infrastructures qu’en 1858 s’implante l’usine à gaz de la Villette, qui s’étend sur près de 17 ha. L’usine transforme dans ses hauts fourneaux le charbon venu du Nord, acheminé par le canal et le chemin de fer. Depuis sa fermeture en 1955, seule la halle en briques, encore présente sur le site, témoigne de ce passé industriel. Le triangle Eole Evangile est, au moment du concours, une friche urbaine de 1,3 ha. dont la situation métropolitaine est stratégique.

La gare Rosa Parks, inaugurée fin 2016, constitue un véritable hub multimodal (RER E, trams T3 bis T8, métro 7, les réseaux Vélib’). Le site est ainsi directement connecté au centre historique de Paris et bénéficie en outre d’un accès rapide au boulevard périphérique via la porte d’Aubervilliers. Cette desserte exceptionnelle permet à l’opération mixte Eole-Evangile – l’îlot fertile – de structurer une nouvelle centralité urbaine dans un secteur qui en compte peu.

13 programmes cohabitent désormais autour des cerisiers et des jardins potagers : 118 logements, une résidence pour étudiants de 164 logements, une auberge de jeunesse de 230 lits, un hôtel de 130 chambres, une résidence pour jeunes travailleurs de 159 logements, des commerces, un équipement sportif, un incubateur, des bureaux, un jardin public.

Surface : 35 200 m² SDP
Maître d’ouvrage : Linkcity

Équipe : TVK (architecte urbaniste mandataire), OLM (paysagiste), Berim (BET TCE), Carbone 4, AMOES (BET)

Équipe TVK : Aliette Chauchat (directrice de projet), Cassandra Roulleau (cheffe de projet), Felix Tönnis (chef de projet), Marta Blazquez, Victor Francisco, Amaury Haumont, Pauline Le Fur, Simon Oudiette

Crédit photo: Julien Hourcade