En partenariat avec La Fabrique de la Cité, l’Ifri publie une étude sur les défis et opportunités technologiques, industrielles et géoéconomiques autour de l’essor des véhicules propres : Le pari de la mobilité routière propre en Europe : Etat des lieux, stratégies et perspectives post-COVID19.
Aux plans européen, national et local, le constat est partagé : il y a urgence à décarboner le secteur du transport routier (20 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne (UE)). Le resserrement de la régulation de l’UE sur les émissions de CO2 a forcé les constructeurs, qui misaient sur les SUV polluants, à accélérer leur transformation technologique dans un contexte économique tendu. Malgré la crise, la mobilité électrique connaît un boom (7 % de part de marché en S1 2020).
Plus de 26 milliards d’euros sont consacrés aux mobilités dans les plans de relance français et allemands tandis que l’offre se multiplie.
La décarbonation du secteur est un défi industriel, car les nouvelles briques de valeur ajoutée doivent être localisées en Europe. Portés par l’alliance européenne des batteries, une dizaine de projets d’usines de fabrication de cellules sont annoncés pour 2023-2025, avec plus d’1/3 des capacités localisées en Allemagne et deux projets en France. Elles sont susceptibles de couvrir la demande, qui pourrait représenter plus de 40 % des parts de marché en 2030.
« La crise du Covid-19 joue un rôle d’accélérateur : après l’électricité, l’Europe s’attaque à la décarbonation des transports et l’on sait désormais quelles technologies seront déployées à grande échelle : le véhicule électrique à batterie s’impose pour la mobilité individuelle, mais il y a aussi des niches en complément pour l’hydrogène propre et le bioGNV : bus, camionnettes, camions de ramassage, fret routier lourd », constate Marc-Antoine Eyl-Mazzega, Directeur du Centre Énergie & Climat de l’Ifri, co-auteur de l’étude. Mais le pari est encore loin d’être gagné : l’étude propose trois scénarios pour 2030, en articulant différentes hypothèses sur la capacité des acteurs à opérer des choix technologiques cohérents et pérennes, à répondre aux besoins des utilisateurs sans calquer les schémas de la mobilité thermique, à assurer un bilan environnemental exemplaire pour les véhicules propres, à mettre en œuvre des mesures de soutien efficaces ou encore à accompagner les mutations industrielles et les bouleversements sociaux. « Le prochain défi règlementaire et industriel est d’introduire des exigences environnementales ambitieuses et réalistes sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule électrique, de l’approvisionnement en métaux jusqu’au recyclage des batteries », note Carole Mathieu, Responsable des politiques européennes au Centre Énergie & Climat de l’Ifri, co-autrice de l’étude. « De plus en plus de villes proposent d’interdire les véhicules thermiques à plus ou moins brève échéance. L’offre industrielle sera-t-elle au rendez-vous ? Et quelle offre, à l’heure où les villes adoptent également des stratégies de neutralité carbone qui doivent les conduire à s’intéresser à l’ensemble du cycle de vie des véhicules qui les parcourent ? Regarder la cohérence des choix entre les niveaux locaux et nationaux ou européen est essentiel. Car seule l’action combinée sur l’offre et la demande de mobilité permettra de décarboner la mobilité urbaine, périurbaine et interurbaine. La mobilité est un système : il est temps de le traiter comme tel », relève Cécile Maisonneuve, Présidente de La Fabrique de la Cité. |