La ville s’est construite avant tout comme rempart, contre des ennemis venus de l’extérieur et contre une nature hostile… mais aussi contre des ennemis venus de l’intérieur, les épidémies. Lèpre, choléra, variole, peste, tuberculose… autant d’infections qui ont façonné l’urbanisme et l’architecture des villes, longtemps vus comme des outils au service de la santé publique. Pourtant, l’apparition de maladies dites « de civilisation » (non-transmissibles et chroniques) telles que les allergies, l’obésité, le diabète ou encore les maladies cardio-vasculaires et pulmonaires rebattent les cartes, certaines études liant directement ces maladies à l’urbanisation et aux modes de vie associés.
À l’heure où la planète fait face à la pandémie de Covid-19 et alors que l’on estime que 75 % de la population mondiale vivra en ville à l’horizon 2050, La Fabrique de la Cité se penche sur la question centrale de la santé dans et par les villes en interrogeant le lien entre urbanisme et santé. Le passage d’une approche de la santé centrée sur le curatif à la santé environnementale ouvre des pistes d’action très intéressantes et prometteuses à l’origine d’une nouvelle pensée de l’urbanisme et de l’architecture. Les réflexions sur la morphologie urbaine, le réaménagement des espaces publics, le développement de nouveaux procédés techniques et l’invention de nouvelles formes architecturales peuvent-elles permettre à la cité de devenir « productrice de santé » ?
Recensant les champs d’action aujourd’hui mis en œuvre pour répondre aux nouvelles préoccupations en santé environnementale, le rapport relève surtout deux écueils à la création de villes productrices de santé : penser trop grand d’un côté en cherchant notamment à révolutionner les modes de vie, et agir trop petit de l’autre en se contentant de mesures circonstanciées et en ne réussissant pas à passer à l’échelle. Mais poser la question des villes productrices de santé, c’est surtout se permettre d’aller au-delà des guides de bonnes pratiques pour examiner ce qui est en réalité un projet de société, avec ses normes et ses valeurs. En son centre se trouve l’habitant : quelle place lui est accordée ?
