Pour ouvrir son cycle de travaux « Grands projets et démocratie », La Fabrique de la Cité, le think tank dédié à la prospective urbaine fondé par VINCI, accueillait lundi 17 décembre 2018 quatre experts pour mettre en perspective différents projets européens contestés et poser les termes du débat pour les événements à venir.

Autour du journaliste Francis Pisani, animateur et modérateur de ce débat, La Fabrique de la Cité a réuni pour l’occasion Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique, Giuseppe Bettoni, professeur de géographie politique et de géopolitique à l’Université Tor Vergata de Rome, ainsi que Cécile Maisonneuve et Chloé Voisin-Bormuth, respectivement présidente et responsable des études de La Fabrique de la Cité.

L’actualité brûlante le montre, les mouvements de contestation s’intensifient à l’encontre des projets d’aménagements et d’infrastructures. Les blocages des sites sont-ils le symbole d’un refus des grands projets ou bien l’écologie, au centre des débats lorsqu’il est question de grands projets architecturaux, est-elle devenue le nouveau référentiel commun en matière de construction ? En se penchant plus précisément sur trois grands projets (la gare souterraine Stuttgart 21, la friche Saint-Sauveur à Lille et le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Östhammar et Oskarshamn en Suède), il apparaît en tout cas clairement que le refus initial des habitants vient du fait qu’ils n’ont été consultés que lorsque le projet était déjà bien avancé. Dans le cas suédois, l’issue a toutefois été heureuse, citoyens et acteurs du projets ayant pu dialoguer et résoudre leurs différends.

La question du processus démocratique reste tout de même posée : lors des concertations et des consultations, les citoyens sont-ils réellement entendus ? Leur donne-t-on vraiment le choix et peuvent-ils l’exprimer ? Il est aujourd’hui important de rendre le citoyen acteur des débats, qu’il ait une chance de réfléchir et d’exposer sa vision d’un projet qui a un impact direct sur sa vie et son environnement.

Pour limiter ou éviter la contestation, une solution pourrait être de faire entrer de manière claire dans les mœurs, par le droit, des contraintes liées à la préservation de la biodiversité. Le cadre légal servirait ainsi de juge de paix. Les intérêts économiques devraient également moins prendre le pas sur l’intérêt général, trop souvent oublié en matière de grands projets. Ce qui renforce le sentiment, parfois, chez les gens qui se mobilisent que ceux qui savent n’ont pas utilisé leurs compétences à bon escient.

La Fabrique de la Cité poursuivra ce cycle de travaux consacré à « Grands projets et démocratie » le 22 février prochain chez Leonard:Paris.

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