Le numérique a permis aux villes d’entrer dans l’ère de l’optimisation des infrastructures existantes. Cette nouvelle ère allait pouvoir relancer de nombreux combats comme la lutte contre la congestion, problématique inhérente aux grandes métropoles et à l’origine de nuisances altérant l’accessibilité, l’environnement et la qualité de vie en ville. Et pour cause, grâce à sa capacité à agréger de nombreuses données, créer de nouveaux services, construire des plateformes de mobilité, le numérique promet de résorber les embouteillages en ville en permettant aux usagers de mieux planifier leurs trajets, d’éviter les zones d’embouteillage ou encore d’abandonner leur voiture personnelle.
Depuis leur apparition il y a une dizaine d’années, ces outils numériques n’ont cependant pas fait disparaître la congestion. Paradoxalement même, le numérique a conduit à donner une nouvelle raison d’être à la voiture en ville en la rendant disponible et plus compétitive. Pendant ce temps, les métropoles s’ankylosent et certains habitants des zones les plus périphériques, captifs de l’automobile, voient leur mobilité dégradée, les contraignant parfois à la démobilité.
Pour comprendre pourquoi le numérique n’a pas résolu et ne résoudra pas la problématique de la congestion en ville, il faut revenir à la cause même des embouteillages : un déséquilibre économique entre l’offre en infrastructures et la demande de mobilité. Derrière les effets d’annonce des services numériques ambitionnant de réduire la congestion urbaine, il y a une réalité : rien ne semble pouvoir enrayer la lente progression des embouteillages en ville, pas même les technologies les plus intelligentes. Un tel constat appelle à une l’identification des solutions déjà éprouvées ou non, susceptibles de réduire la congestion.
La congestion urbaine survivra vraisemblablement à ces solutions numériques qui entendaient y mettre fin. Pour sortir de l’impasse actuelle dans laquelle nos villes se situent et dont seule la congestion urbaine ressort gagnante, il convient de dépasser la question du seul rôle des acteurs du numérique dans la réduction de la congestion et de voir en quoi le numérique pourrait constituer un support privilégié dans le développement d’outils plus efficaces (paiement à l’usage, etc.).